Dimanche 11 novembre 2018: Nous partons ce matin pour Bagan,
où le royaume de Pagan, mondialement connu pour ses 2000 temples et pagodes édifiés entre le 11e et le 13e siècle.
Initialement, nous étions censés rejoindre Bagan en bateau sur le fleuve Irrawaddy, mais, renseignements pris, le trajet dure entre 8h et 15h, et nous n’avions pas l’assurance d’avoir des places assises et à l’ombre. Nous avons donc opté pour l’option rapide, l’avion (à peine plus cher que le bateau au final). Nous partons de l’hôtel à 6h30, direction l’aeroport de Mandalay. Une heure de route. Nous enregistrons nos bagages, passons la sécurité (qui n’a pas laissé passer mon briquet, grrr). Et nous voilà déjà dans la salle d’embarquement. Nous grignotons rapidement le petit déjeuner que l’hotel nous a fournir dans les lunch bag, qu’il est déjà l’heure d’embarquer. Et là, nous découvrons notre avion.
Un petit avion à hélices, de 50 places au plus. Je ne suis jamais monté dans un tel avion, ça fait bizarre. Les moteurs s’allument, les hélices se mettent à tourner et l’avion s’élance sur la piste. On monte, on monte, on stabilise l’altitude, on peut enlever nos ceintures. 5 minutes passent, le voyant nous incitant à accrocher nos ceintures se rallume, et l’avion commence à descendre. Déjà ? Et oui, on atterrit rapidement, on nous débarque et récupérons nos bagages presque sans attendre. 15 minutes de taxi et nous sommes devant notre hotel à Bagan, à New Bagan pour être exact. Il est 9h. Nous avons mis 2h30, de porte à porte. Dingue! En prenant l’avion! N’importe où ailleurs, en 2h30 nous ne serions même pas partis.
Nous découvrons notre hotel, plutôt classe, une chambre de belle taille, une piscine, et à 2 pas du centre de New Bagan, parfait. New Bagan est une ville nouvelle, enfin, un gros village, regroupant tous les hôtels bon marché à 5 kilomètres au Sud de Old Bagan. Old Bagan est située à proximité directe des temples et concentre les hôtels plus luxueux et les resorts.
Il est l’heure de manger, nous partons donc à la découverte de ce gros village. C’est la saison haute et le premier constat est qu’il n’y a pas foule. Nous nous attendions à retrouver autant de monde qu’à Angkor, qui est surchargée même à la saison basse. Et bien, rien de tout ça, pas d’agitation déraisonnable, pas de travelers ivres. Ca fait bizarre, mais plaisir.
Le repas engloutis, nous retournons à l’hôtel pour une grosse sièste. 2h plus tard, il est temps de tester la piscine! Les enfants n’attendent que ça. Mais, il y a un mais, il fait 32 degrés dans l’air et l’eau de la piscine est à… 22 degrés… Aie. Vous vous imaginez bien qu’on a pris notre temps pour rentrer dans l’eau, et on y est pas resté longtemps.
Après une bonne après-midi de repos/glandage, nous sortons prendre l’apéro et manger. Au lit tôt car nous partons jouer les Indiana Jones demain. Sauf que, il faut bien que quelque chose de comique se passe: je sors fumer une clope, et retrouve à mon retour Marie toute paniquée parce Thomas s’est enfermé dans salle de bain. La serrure, à l’américaine, ne s’ouvre que de l’intérieur. Il faut se résoudre à appeler la réception, qui biensur, n’a pas la clé de la serrure… Les ouvriers de l’hôtel, au bout de 30min, finiront par défoncer la poignée et la serrure au marteau pour arriver à sortir Thomas de là. On se sent un peu bête.
Lundi 12 novembre 2018: A Bagan, il y a plusieurs moyens de se déplacer, le tuktuk, le taxi, la calèche, ou, et ca sera notre choix, les scooters électriques, appelés E-bikes. Marie n’a jamais conduit de scooter, et les enfants ne sont jamais montés dessus non plus. Ça sera donc une grande première. Nous louons 2 E-bikes, 5000 khyats (2,7€) chacun pour la journée. Thomas ira dans le porte bébé dans mon dos, et Juliette debout entre les jambes de Marie. C’est parti pour l’aventure !
Nous nous dirigeons vers les plus gros temples en premier. Le temple d’Ananda, un des plus grands, entièrement blanc, contraste avec tous les autres temple en briques rouges. Nous flânerons un temps, laissant jouer les enfants à leur nouveau jeu favoris, « Trouve Bouddha ». C’est une vraie compétition entre eux, et par chance, il y a une représentation de Bouddha tous les 2 mètres. Nous passons ensuite au temple Dhamayanguyi. En forme de pyramide, c’est le plus grand temple en briques. Petite déception, on ne peut pas monter dans le temple, on doit rester au rez-de-chaussée. Tant pis, partons alors explorer les environs avec nos motos (comme les appelent les enfants). Nous empruntons alors les petits chemins de terres qui s’enfoncent dans la plaine. Je suis tout fou, on va à gauche, à droite, on aperçoit un temple au loin derrière les arbres, alors on cherche le petit chemin qui y mène. C’est très amusant, et la liberté de déplacement que procurent les motos est vraiment providentielle. Pas de guide ou de chauffeur à attendre, on fait ce qu’on veut.
Nous allons de temple en temple, explorons la campagne de plus en plus loin, mais toujours le même problème, on ne peut monter sur aucun temple. Ils sont quasiment tous munis d’escalier, internet regorge de photos prisent du haut des temples, mais on ne peut pas monter dessus. Grrrr. J’enrage ! Je fouille le net et trouve 2 temples sur lesquels on pourrais soit disant monter, donc celui avec la plus grande terrasse de tous les temples de Bagan. On reprends les motos et nous nous dirigeons vers ces 2 temples dans l’espoir d’y admirer le coucher de soleil. Le premier sera une deception, pas d’accès à la terrasse. Pour rejoindre le second, nous sommes bloqués, le pont qui enjambe la rivière que nous devons passer est détruit, ca veut dire faire un détour de 5 kilomètres. Le soleil couchant approchant nous n’avons pas le temps, nous coupons à travers champs, dans la terre sablonneuse. Les motos ne sont pas à leur aise, mais ça passe, jusqu’à… tomber nez à nez avec un troupeau de vaches qui rentre des champs, mais genre, une centaine de vaches, la route bloquée. Nous prenons notre mal en patience et attendons que la voie se libère en regardant passer les ruminants de très près. Les enfants sont très impressionnés. Nous reprenons la route et arrivons tout juste au temple providentiel, que je crois! Pas d’accès non plus. Ahhhhhh. Nous apprenons en fait que suite à la chute mortelle d’un touriste l’année dernière, tous les accès aux sommets des temples ont été fermés. Damned !
Il fait maintenant nuit, nous sommes à une quinzaine de kilomètres enfoncés dans la cambrousse. Double damned ! Mais il va bien falloir rentrer. Nous roulons doucement sur les petits chemins de terre vers la route la plus proche, éclairés par les faibles lumières des motos. C’était en fait assez drôle. Nous regagnerons l’hôtel sans encombres.
Nous nous offrons un bon resto bien mérité et regagnons notre chambre.
Mardi 13 novembre 2018: Et là c’est le drame. Pendant la nuit, l’estomac de Marie lui à fait comprendre qu’elle allait devenir bien copine avec les toilettes pour les prochains jours… Je vous fais pas un dessin, c’est la tourista. Nous restons donc au lit tard, on fait un peu d’école avec Juliette et on regarde des dessins animés. L’état de Marie empirant, et les enfants ayant besoin de se défouler, je décide de partir avec eux. Sauf que, c’est le re-drame, sans prevenir Juliette vomit sur le lit. Youpi ! Double tourista ! Thomas et moi nous enfuyons de la chambre de l’horreur. Nous repartons à la chasse aux temples. Thomas est en confiance et se tient maintenant entre mes jambes sur la moto, plus besoin de l’accrocher dans le dos. Il est tout content, je crois qu’il pense qu’il conduit. Nous passons une chouette après-midi dans la cambrousse et allons nous payer des crêpes pour le gouter. Nous rentrons voir l’état de nos 2 femmes, et découvrons avec horreur ce qui se trame dans la chambre. Marie au bord de l’agonie, tente de changer les draps dans lesquelles Juliette n’a pu se retenir, Juliette dans l’autre lit agonise également. Mon dieu! Le temps d’aider Marie et de les remettre toutes les 2 au lit sous les couvertures, Thom est moi repartons pour aller voir le coucher de soleil. Cette fois c’est la bonne, au hasard d’un chemin, je tombe sur un petit temple sans prétention mais aperçoit des gens sur le toit. Oh! Nous pouvons enfin monter! C’est magique !
Bon, y a des nuages, c’est pas parfait, mais la vue est belle. On aperçoit, à 360 degrés, les temples perdus dans la plaine au milieu de la végétation. Nous resterons une bonne heure à contempler les environs et écouter les bruits de la campagne. Pour redescendre, comme pour monter d’ailleurs, il faut emprunter un petit escalier exigüe dans lequel on ne peut pas se tenir debout. Pour la descente, bonne surprise, les gardiens du temple ont placé des petites bougies sur les marches. On se croirait dans Indiana Jones ou Tomb Raider, cela renforce encore le caractère magique du lieu.
Nous regagnons New Bagan pour un resto entre mecs, juste Thomas et moi. Le même que la veille, ou les serveuses était tombées sous son charme. Il aura même droit à un dessert offert.
La nuit sera agitée, les filles passeront leur temps à faire des aller retours aux toilettes. On changera encore une fois les draps au milieu de la nuit.
Mercredi 14 novembre:
Ça va un peu mieux pour Marie ce matin, mais pas Juliette. Je me lève à 5h30 pour aller voir le lever du soleil. C’est dur. Il fait encore nuit, mais on voit poindre les premières lueurs. Je repars donc en moto direction mon petit temple de la veille. Il ne fait pas très beau, beaucoup de nuages, mais revers de la médaille, je suis le seul sur ce temple. Il y a déjà beaucoup de bruit, celui des oiseaux, des coqs et … de la musique techno à fond. Je ne m’expliquerai jamais ce penchant des asiatiques pour la techno à fond à 6h du matin…
Bref, le soleil se lève, je l’entre aperçois derrière les nuages. La couleur du ciel change, des petits trous dans les nuages laissent passer quelques rayons. Et puis tout d’un coup, en quelques secondes, le ciel au dessus des montagnes de l’Est devient rose orangé, mais d’une couleur très vive, comme si le ciel était incandescent. Je n’avais jamais vu ça, c’est impressionnant cette couleur magique qui plonge les montagnes en avant plan dans le noir. Le constate est saisissant. Et puis, aussi vite qu’elle n’était venue, cette belle couleur s’en est allée. Je ne regrette pas de m’être levé. J’ai été gâté.
C’est maintenant le tour des montgolfières. Les tours en montgolfières sont une attraction prisée à Bagan. Mais à 350€ minimum la place, ça fait cher le lever de soleil nuageux. Je vois décoller l’une après l’autre une vingtaine de montgolfières. Elles viennent du Nord et se dirigent vers le Sud. Ce ballet lent dans le ciel est hypnotisant. Je les observe se laisser porter par la légère brise matinale. Ça fait maintenant 2h que je suis là, seul. Que c’est agréable. Mais il faudrait que je rentre m’occuper des malades.
En rentrant à l’hotel, je passe d’abords par le toit, sur lequel est servit le petit déjeuner. J’ai faim, et pour une fois, personne ne cri, personne ne me bave dessus. Je savoure. Et en bonus, les dernières montgolfières passent au dessus de ma tête. Il est temps de retourner au chevet des agonisants. Je rentre silencieusement dans la chambre. Pas un bruit, tout le monde dort. Est ce bon signe? Marie, qui ne dormait pas, me fait rapidement signe que non. Juliette n’est pas bien. J’en profite pour aller me doucher, puis je me reinstalle au lit pour commencer à rediger une partie de ce carnet de voyage. Il faudra encore une bonne heure pour que tout le monde émerge. Ce temps calme me fut salvateur et productif. Il faut maintenant s’activer, Thomas ne restera pas dans cette chambre sans faire de bêtises, je repars donc à l’aventure avec lui. On passe d’abord par un petit parc pour qu’il puisse se defouler, puis direction les temples. Rien de spécial à se mettre sous la dent et puis il est presque midi. Nous retournons manger, et ramener 2-3 choses à grignoter aux filles.
Thomas doit maintenant faire la sieste. Je repars seul, et là, c’est la liberté, je m’enfonce directement dans la plaine par les petits chemins de terre. Je fonce, je m’éclate avec ma moto, je sonde tous les temples que j’aperçois, quand soudain, j’en decouvre un. Bizarre, pas de chemin d’accès. Hmm, ça sent bon. Je me faufile vers l’entrée du temple. Une grille en barre l’entrée, mais elle est défoncée. Je dois enlever mon sac et me mettre à 4 pattes pour la passer. L’interieur du temple est sombre, poussiéreux, visiblement condamné depuis quelques années. Je m’éclaire à la frontale, je me crois vraiment dans Tomb Raider, il n’y a pas de bruits autres que ceux des chauves-souris au plafond. Je fais le tour du temple, je trouve une des niches qui servent à accéder à la terrasse. Sauf que je tombe nez à nez avec 2 énormes geckos, et surtout un troisième me passe à 5 centimètres du visage. Je sursaute et rigole, et puis me dis que je devrais peut être verifier s’il n’y a pas de serpent, on ne sait jamais… Je trouve la niche opposée, c’est celle là qui monte à l’étage. Je me faufile dans l’escalier poussiéreux, et lorsque celui ci effectue un virage à 90 degrés, je tombe sur… une grille… Nooooooonnnnn! Je suis maudit. Je redescends et sors, et continue à rouler dans la campagne, juste parce que c’est agréable. Mais les nuages menaçant me poussent à me diriger vers l’hotel. Au final, deux gouttes vont tomber.
Notre dernier coucher de soleil sur Bagan approche, je ne veux pas partir d’ici sans que Juliette et Marie ne montent sur un temple. Je motive la petite famille, mais Juliette n’est toujours pas bien. A force d’encouragements, elle veut bien venir. Nous partons fissa vers mon petit temple. Le coucher de soleil sera toujours nuageux, mais Juliette sera contente de monter par le petit escalier et d’admirer la vue. Nous rentrons rapidement pour manger. Mais au mileu du repas, les filles nous abandonneront pour cause de… mhhh… enfin, vous voyez. Les serveuses nous offrent le dessert à ramener à la maison, même pour les malades, sympa. Avec Thom, nous allons une dernière fois ramener la moto et rentrer à pieds dans la nuit. Il faut maintenant dormir, nous partons demain à 7h pour 4h de bus direction l’Est et la petite ville de Thazi.
Un sentiment mitigé se dégage de cette étape à Bagan. A la fois très enthousiaste d’avoir pu explorer la région à ma guise en moto et d’avoir été émerveillé par la beauté de ses milliers de temples (Bon, ça ne vaut quand même pas Angkor). Mais également déçu que Marie et Juliette n’aient pas pu plus en profiter. Et puis au final, je suis content que l’hotel ne nous ai pas mis à la porte, parce qu’entre la serrure cassée pour « délivrer » Thom de la salle de bain et les draps, sans doute irrécupérables, ils avaient suffisamment de raisons.
4 Comments
Stéphanie
18 novembre 2018 at 20 h 30 minOh quelle aventure ! Les pauvres Marie et Juliette !
Gwen
21 novembre 2018 at 13 h 36 minOh merde, la sournoise tourista a frappé! J’espere que Juliette et Marie vont mieux.
Fabienne alias Doudou
24 novembre 2018 at 9 h 46 minOh yé, Marie et Juliette sont elles toujours à l’eau de riz ? Merci pour ces belles images ainsi que leurs descriptions. C’est comme si on y était. Un talent se réveille ?
Merci Marie, je visualise les Bouddhas.
Au plaisir de lire la suite de vos pérégrinations,
Remerciez la nature
Bises
Guillaume
26 novembre 2018 at 12 h 36 minOui elle a mis quand même 4/5 jours à passer cette tourista mais là on est bien maintenant! On se fait bien plaisir au niveau nourriture. Merci en tout cas! (C’est Marie qui écrit au fait)