Laos

Paksé et la boucle des Bolovens

Vendredi 8 février 2019.

Ce matin, on quitte la belle ville de Luang Prabang en avion. Nous descendons dans le sud du Laos, à Paksé. Faire ce trajet par la route prend plus de 12h et est réputé pour être l’un des pires d’Asie du Sud Est. Après un temps de reflexion, nous décidons de passer notre tour et de prendre l’avion!

Le vol est très rapide, toujours en ATR 72 à moitié plein. Ce qui est bien avec les avions au Laos, c’est qu’on a pas besoin de marcher des kilomètres dans des couloirs et halls gigantesques. L’avion est toujours garé juste devant la porte. Si on marche 50m pour y monter ou pour en sortir c’est beaucoup! 

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Nous n’avons pas d’hôtel, on va improviser sur place. En sortant de l’aéroport, il fait une chaleur insoutenable, près de 40 degrés, on nous propose de prendre un tuk tuk déjà trop plein. Il n’y a pas de place pour moi, je vais passer les 10min de voyage à l’extérieur, accroché à l’échelle. C’était très drôle!

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On se fait déposer chez Miss Noy et Yves, un couple Lao-belge qui tient une agence de location de scooters. Yves est très sympa et nous conseille les bonnes Guesthouses du coin. On laisse nos affaires chez lui et partons à la recherche d’un hébergement. Il fait toujours aussi chaud, alors on s’est focalisé sur les Guesthouses les plus proches et les moins chères. Mais toutes affichent complet. Nous trouvons finalement une chambre d’hôtel encore moins chère à 2 pas du centre.

A 18h, rendez-vous à la boutique d’Yves. Tous les soirs, le monsieur d’une 40aine d’années, installé au Laos depuis 15 ans, organise une réunion d’information sur la boucle des Bolovens. Il donne toutes les bonnes adresses, beaucoup de conseils et des mises en garde. Il nous distribue même une carte bien détaillée. La réunion est forte intéressante et même drôle, Yves étant un personnage. La boucle des Bolovens est un road trip à scooter/moto à faire en 3 à 5 jours en fonction du parcours choisi. La grande boucle, les 5 jours donc, est actuellement fortement déconseillée. Des touristes se fond braquer et voler les motos toutes les semaines, sous la menace de machettes. La région étant assez isolée, les minorités qui habitent ce petit coin, ne voient pas l’arrivée des touristes d’un bon œil. Ça annonce la couleur! Tour du monde – Mgx et Flo  l’ont fait en mode ninja il y a quelques mois sans problème. Nous décidons d’opter pour la la petite boucle en 3 jours.

On va ensuite manger chez SéSé, un français installé ici depuis des années, qui tient un bar miteux, comme si le truc n’avait pas bougé depuis la colonisation. Planchette de saucissons et bières belges au menu!

Samedi 9 février 2019.

On devait se lever tôt pour partir tôt. Mais tu parles! On a trouvé une boulangerie française qui fait des brioches à tomber! C’est drôle, parce que quasiment tous les clients du bar de la veille sont là pour prendre le petit déjeuner. Après s’en être mis plein le ventre avec les viennoiseries, on se rend enfin chez Yves sur les coups de 10h. On stocke nos bagages chez lui le temps de notre road trip. Marie emmènera Juliette sur un scooter Scoopi de 120cc, tout mignon, qu’on a déjà beaucoup conduit ici. Moi, j’emmène Thomas sur une Honda Wave 110cc à 4 vitesses, LA moto asiatique par excellence, celle qu’on voit partout. Yves avait un petit siège à fixer dessus pour Thomas.  

ABD5C413-39CF-4C8D-9C79-EA040153C108 Et c’est parti pour presque 200km! En route pour l’aventure! Les premiers kilomètres pour sortir de la ville nous permettent de nous chauffer au long trajet qui nous attend. On s’arrête à la station service pour faire le plein et direction l’Est! Sortis de Paksé, on quitte la route principale, les véhicules se fond moins nombreux. La route est étonnamment bonne. On roule bien, mais le soleil tape fort. La chaleur qui se dégage du bitume nous réchauffe encore plus. La route monte en pente très douce (d’où le plateau des Bolovens…), nous passons de nombreux ponts. Et juste après en avoir traversé un grand, je remarque une installation sur la rivière qu’il enjambe. On fait demi-tour et on va voir. Il s’agit d’un resto local qui borde la rivière. Ils ont installé des petites plateformes en bois posées juste au dessus de l’eau, ou d’autres sur le bord. On choisira de se mettre au bord, c’est pas le moment pour qu’un des enfants tombe à l’eau. L’endroit est presque plein, il n’y a que des locaux. Ça faisait plus d’une heure qu’on roulait, alors cette pause va faire du bien. On va bien manger et repartir en forme. 92EB177E-FB86-4640-9251-62D394F32770 Sur la route, nous croisons énormément de tas de batons, joliment entreposés à la verticale. On se demande ce que c’est. Il s’agit en fait de manioc. Après avoir récolté le fruit du manioc, la racine plus exactement, les locaux coupe la tige, la fond sécher pendant des mois, puis, la replante et le manioc repousse. J’ai un peu de mal à comprendre comment c’est possible. Le climat est tellement aride et ces bouts de bois ont l’air tellement secs! 61ABAAA9-D525-438D-A9D2-F280468C29F2 Il ne nous reste plus qu’une demi-heure de route jusqu’à notre prochaine étape. Nous allons nous arrêter chez Mister Vieng, qui tient une plantation de café. Nous ne sommes pas les seuls, et croisons presque tous ceux qui ont suivi la réunion avec nous la veille. Il fait trèèès chaud. BC105C44-E4BA-4D91-BF8A-09A01E31E490 Nous sommes en pleine campagne et il n’y a pas d’air. On déguste de très bons cafés, et on se repose. Au fur et à mesure, les clients reprennent la route. Nous décidons de rester ici pour la nuit. Mister Vieng propose 3 chambres sommaires sur son exploitation. Et du coup, on prend notre temps, on prend le goûter, on visite l’exploitation à la tombée de la nuit. A942C5FC-7892-4B02-AC5A-92FD74FAF74F Mister Vieng aime bien parler de son café. Il nous montre les différentes variétés, arabica, robusta et iberica. Ce dernier est celui dont l’arbre et le plus grand et mets le plus de temps à pousser. Paradoxalement, c’est celui qui est de la plus mauvaise qualité. 6D3C74FB-ECAF-489A-9211-B860FDB192CC Il nous montre les nids de fourmis qui se forment dans les caféiers. Il en attrape un et l’écrase entre ses mains pour le détruire et tuer les fourmis. Il en mange une et nous propose de l’imiter. Mais le simple fait de sentir l’odeur acide/vinaigrée qui se dégage de cette bouille de fourmis nous pique le nez et nous donne des hauts le cœur. 32F1389C-9FA4-449C-AC2C-9FAB640964FE Sa femme va nous préparer un très bon repas et les enfants vont pouvoir s’amuser pendant des heures avec les enfants du voisinage. On reste debout tard, il fait toujours aussi chaud. Nos cabanes de bois sont des fours. Malgré le ventilateur, on aura beaucoup de mal à dormir. Aussi parce que c’était la fête du village d’à côté et les basses nous aurons  bercées pendants des heures et que comme partout au Laos, les coqs sont un peu bizarres et chantent toutes les heures!!! … et souvent juste à côté ou sous la cabane…

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Dimanche 10 février 2019. 

Réveil difficile, car il fait déjà très chaud et la nuit a été courte. On prend un bon petit déjeuner avec un super café et on se remets en selle. J’ai une coup de flip car l’écran de mon téléphone phone ne répond plus!! Mister Vieng essaie de nous aider, en vain. Finalement en s’arrêtant sur le chemin dans un magasin de téléphonie (même dans la cambrousse, y en a tous les 2km…) le téléphone fonctionne à nouveau comme par magie. Ouf!

On roule, on roule, toujours en pente très douce, jusqu’à Tad Lo. Un petit village étape de ce tour des Bolovens. Le village s’étend de part et d’autre de belles cascades. On ne trouve pas de chambre triple pour nous  accueillir. Toutes les Guesthouses les mieux situées sont complètes. On va vite voir les éléphants qui se trouvent dans le parc d’un lodge. Au passage on demande le prix d’une chambre et on nous la fait à 20$! A peine plus chère que ce qu’on devait mettre dans les autres guest houses. On va visiter la chambre et là c’est l’hallucination! On sort de l’hôtel, on emprunte un petit pont de bois, d’une centaine de mètres quand même…, qui enjambe la rivière et la cascade, jusqu’à un magnifique bungalow juste au dessus de la rivière. C’est ouf!  

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On part manger dans un petit resto local et partageons notre repas avec un sympathique couple de français qui ont quitté la france il y a plus d’un an et qui sont venus jusqu’i à… vélo!! On est admiratif face à leur parcours, bravo à eux! Il faut savoir qu’ils ont commencé à faire du vélo de manière plus intensive peu de temps avant leur départ. Comme quoi beaucoup de choses sont possibles lorsqu’on est motivé! 035DF728-C3D3-4415-9976-AA0686EAAC6E Après ce repas qui aura mis plus d’une heure à être servis, Marie et les enfants font la sieste pendant que je sors explorer les environs et faire des photos. L’endroit est superbe et la cascade vue d’en dessous est magnifique. On partira encore se balader en fin d’après-midi et observer les éléphants se baigner au coucher du soleil. Magique! 

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Puis direction un petit resto, encore tenu par un français et une laotienne, où on va rester pendant des heures à jouer avec les enfants avant de rentrer dormir. 

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Lundi 11 février 2019. 

On a bien dormi cette nuit, bercés par le bruit de la cascade. Après un petit déjeuner qui a quelque peu trainé en longueur, on enfourche nos machines pour la dernière journée de notre road trip. Ça monte encore, il fait toujours aussi chaud sur les motos. Yves nous avait pourtant prévenu de prévoir des habits chauds, parce qu’il fait souvent froid. Du coup on avait un peu peur, parce que nous n’avons plus aucun sweat avec nous. Tu parles! On a eu beaucoup trop chaud, tout le temps! 

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Les paysages qui mènent à Paksong ne sont pas transcendants et la vue est en grande partie gâchée par la fumée des feux allumés un peu partout. Que se soit pour débroussailler ou surtout pour brûler des déchets, tous les déchets, les laotiens fond des feux tout le temps. De ce fait, partout où nous sommes allés au Laos, la même odeur de brûlé nous irritait les naseaux, mais encore plus ici. On roule vite aujourd’hui, il n’y a pas grand chose à voir sur cette partie de la boucle. On atteint le sommet du plateau à 1450m avant de redescendre très vite. On se permettra quelques pointes de vitesse dans la descente pour le plus grand plaisir des enfants. On s’arrête pour manger et visiter plusieurs cascades. Elles sont superbes et bien hautes, comme les escaliers qu’il faut emprunter pour aller les contempler. 

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A midi, on mange au bord de la cascade de Tad Yuang et rencontrons le propriétaire des lieux, un franco laotiens du Berry. Le berrichon du Mékong. Le mec a 78 ans et aime parler. Il nous raconte son enfance en France et pourquoi il a racheté cette cascade. 3586B366-E43F-4BC8-AC6C-90A049618288 Il est très fier de nous montrer les photos des officiels laotiens qui sont venu visiter le lieu. Il nous offre à boire et notamment « la force du tigre », un alcool local bien chargé. On en restera à 2 verres, parce qu’on a encore de la route. 

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Notre dernier stop se fera a Tad Itu. Un des collègues de mon père tenait ici un lodge il y a encore 2 ans, mais a depuis revendu l’affaire. L’endroit est idyllique en surplomb d’une double cascade au milieu d’une végétation verdoyante, comme dans les films. Le lodge, lui, a l’air assez mal tenu. Nous voulons prendre un café. On rentre dans le resto, désert, un type sort de sous le comptoir, visiblement dérangé alors qu’il regarde YouTube (la grande maladie de TOUS les laotiens). On lui demande un café, il se lève, cri un truc derrière nous, et là, on constate que sa collègue était assise dans un coin, elle aussi, à regarder YouTube. Elle lui répond nonchalamment quelque chose. Ça voulait dire pas de café… Bon, bière? « Finish », comme ils disent, y en a plus. De l’eau? Même pas! La seule chose qu’ils arriveront à nous donner c’est un fanta chaud. Cette expérience est à l’image du service au Laos. Les mecs, ils en ont rien à faire!  Plutôt perdre une vente que de faire un café. Plutôt dire non, que d’arrêter de regarder le téléphone. C’est quelque chose de dingue et qui nous est arrivé partout dans le pays. Y’a un gros problème de motivation dans ce pays! Sans parler de l’attente au resto. Même si c’est vide, il n’est pas rare d’attendre une éternité avant d’être servis, même pour un simple sandwich. Mais ça nous fait plutôt marrer cette nonchalance! C’est juste pas toujours simple à gérer avec deux petits enfants affamés. A noter qu’ils sont francs de se coté. Plusieurs fois, il était écrit sur le menu que c’est comme ça, pas la peine de raler, ils cuisinent avec leur coeur, ca prends du temps, lao-style.

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Bref, c’est sans café qu’on reprend la route pour la dernière liaison qui doit nous ramener à Paksé. On roule maintenant plus doucement et arrivons en ville en fin d’après-midi. 

On rends les motos à Mr Yves et on part manger. On va dans un grand resto du centre. C’est une grande cantine qui sert de tout, l’ambiance est super bonne, et ici, le patron et les serveuses sont super. L’endroit étant souvent complet, à chaque fois qu’on est allé là-bas, le patron a déplacé d’autres clients pour qu’on puisse s’installer en famille. C’est ici le contre exemple parfait, quand à la qualité du service dont je parlais précédemment. On remarque une table d’une dizaine de jeunes français, pas forcément majeurs et celle de leurs accompagnateurs. Au détour d’une phrase, nous entendons des lieux familiers, de villes alsaciennes. On engage la conversation. Il s’agit en fait d’un groupe d’élèves d’un lycée professionnel d’Obernai, venu installer des panneaux photovoltaïques dans un village. Super projet! Un des profs me dit qu’il connaît du monde dans le village d’où je viens. Qu’est-ce que le monde est petit, il connaît en fait mon parrain et sa femme. 

On ne traine pas ce soir, car demain matin, on part en minibus (aïe), encore plus vers le sud, et la région des 4000 îles!

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